L’audiovisuel est un monde en constante évolution, dans lequel certains noms se distinguent non seulement par leur apport technique, mais aussi par l’empreinte durable qu’ils laissent. C’est le cas de Richard Lachance.

Entré dans le monde audiovisuel il y a 50 ans, Richard a non seulement suivi l’évolution de l’industrie au Québec, mais il en a aussi été un acteur clé, propulsant sa réputation bien au-delà des frontières de la province.

Depuis ses débuts jusqu’à sa carrière influente chez Solotech, Richard a incarné une passion pour son métier et un engagement indéfectible envers l’excellence. Il a mis à profit ses compétences techniques pour élever Solotech sur la scène internationale, étant un exemple vivant que derrière chaque événement réussi se trouvent des individus dévoués et passionnés.

La fascination de Richard Lachance pour la technologie audiovisuelle a commencé comme un enchantement juvénile. C’est le légendaire festival de Woodstock de 1969 qui a éveillé son intérêt. À seulement 15 ans, Richard a été captivé non seulement par la musique, mais aussi par la tâche monumentale de diffuser le son à près de 400 000 spectateurs. Cet événement a marqué le début d’une curiosité qui allait bientôt devenir une quête de toute une vie.

À 20 ans, il avait construit son premier équipement sonore, inspiré des systèmes utilisés à Woodstock. Cette approche pratique n’était pas seulement due à la rareté des équipements audio professionnels à l’époque au Québec; c’était un travail d’amour et un témoignage de son dévouement à maîtriser son art.

En 1974, cette passion l’a conduit à la fondation de Bruit Bleu, une entreprise de fabrication audio. Cette étape marquait le début de la carrière professionnelle de Richard dans le domaine de l’audiovisuel. Les premiers jours étaient une période d’apprentissage et de croissance rapides. La technologie audiovisuelle en était encore à ses débuts, et Richard, avec un petit groupe de pionniers, était à l’avant-garde de l’exploration de ses possibilités.

Les premières expériences de Richard en tant qu’ingénieur du son pour des groupes locaux ont établi les bases de son expertise. Son travail était caractérisé par une quête incessante de meilleur son et d’expériences plus engageantes. Chaque événement était une opportunité de perfectionner ses compétences et de repousser les limites de ce qui était possible avec la technologie audiovisuelle.

À travers son entreprise Bruit Bleu, Richard a également participé à la fourniture d’équipements pour des événements mémorables dans la province, comme le premier concert à guichets fermés de Céline Dion au Forum de Montréal en 1991 ou le début des festivités de la Fête nationale du Québec sur les Plaines d’Abraham, à Québec.

En l’an 2000, un tournant décisif s’est produit dans la carrière de Richard Lachance lorsqu’il a vendu Bruit Bleu à Solotech. Cette transition n’était pas seulement un changement de propriétaire, mais une avancée significative dans la vision de Richard pour son avenir dans l’industrie audiovisuelle. Il s’est vu confier un rôle ambitieux: diriger l’expansion de Solotech sur le marché international.

Les connaissances approfondies de Richard et sa passion pour la technologie audiovisuelle faisaient de lui le leader idéal pour cette mission. Son objectif était clair: transformer Solotech d’une entité canadienne respectée en un acteur majeur sur la scène mondiale. Cette tâche nécessitait non seulement une expertise technique, mais aussi une compréhension stratégique des dynamiques du marché international: « Pour nous démarquer, nous devions être capables d’exporter hors du Québec. Le défi était de participer à une industrie principalement anglophone. Aujourd’hui, l’entreprise vole de ses propres ailes: nous sommes l’une des plus grandes compagnies de production au monde. »

L’une des premières grandes épreuves de la portée mondiale de Solotech sous la direction de Richard a été la tournée CIRCUS de Britney Spears, qui a marqué une étape importante pour l’entreprise. Il s’agissait d’un premier déploiement de solutions audiovisuelles à 360 degrés pour un grand artiste américain, couvrant le son, l’éclairage et la vidéo – un modèle de service relativement nouveau dans l’industrie à l’époque. Sa décision de rejoindre Solotech était motivée par la conviction d’une approche holistique: « J’ai accepté de venir chez Solotech parce que l’avenir de l’industrie était dans les solutions à 360 degrés. Ils m’ont donné la liberté de travailler sur le côté commercial de notre industrie et de le construire dans la grandeur qu’il est aujourd’hui. »

Le succès de cette tournée a établi Solotech comme un fournisseur fiable et innovant capable de gérer des productions complexes à grande échelle à travers les frontières. Cela a préparé le terrain pour que Solotech sécurise d’autres tournées internationales renommées, consolidant sa réputation dans l’industrie. Richard partage que les valeurs de l’entreprise – passion, respect, innovation, collaboration et excellence – étaient la clé de cette réputation: « Nous nous sommes ouverts au monde, et le monde s’est ouvert à nous. »

Richard se souvient de la période post-Woodstock où la demande de son et d’éclairage en direct a commencé à augmenter. « Au début, nous étions des artisans. Il s’agissait de construire l’équipement, de le charger dans un camion, de l’installer dans un lieu, puis de passer à la ville suivante ». Cette approche pratique nécessitait non seulement des compétences techniques mais aussi un engagement profond envers l’art, un sentiment qui l’a guidé tout au long de sa carrière. Selon Richard, la croissance de l’industrie a rapidement accéléré vers la fin des années 1980 alors que les artistes voyaient de plus en plus la valeur d’investir dans leurs tournées, créant une forte demande pour des services audiovisuels de haute qualité.

« Ce sont 50 années d’évolution incroyable, » remarque Richard avec un sentiment de fierté et d’humilité. Son parcours, depuis les premiers jours de fabrication manuelle d’équipements jusqu’à l’observation des transformations numériques de haute technologie d’aujourd’hui, encapsule un demi-siècle de changements révolutionnaires. « Je ne suis pas nostalgique de ce que c’était. J’ai eu la chance d’y participer. Je suis fier d’avoir été témoin de cette évolution dans le domaine. »

En plus de ses compétences techniques et de sa vision stratégique, Richard Lachance a joué un rôle significatif en tant que mentor, façonnant les carrières de nombreux professionnels de l’industrie audiovisuelle. Son mentorat va au-delà de la transmission de connaissances techniques; il implique la promotion d’une culture de travail acharné, de respect et de profonde connexion humaine.

Un des mentorés de longue date de Richard, Nicolas Labbé, spécialiste technique senior chez Solotech, se souvient avec vivacité de plus de 35 ans de conseils sous la tutelle de Richard. Leurs premières années de travail ensemble étaient caractérisées par un dévouement sans relâche et l’excitation de la musique en direct. « Nous ne dormions pas beaucoup, nous travaillions, et nous faisions des spectacles, » se souvient Nicolas.

Labbé souligne l’impact profond de l’approche de Richard envers les relations, un pilier de son mentorat. « Il forme des relations durables avec les gens. Encore aujourd’hui, les gens viennent le voir, cherchant à travailler spécifiquement avec lui, » note-t-il. Ces connexions ont évolué, passant de réseaux professionnels à des amitiés profondes et durables, illustrant l’investissement personnel de Richard dans ceux qu’il mentorait.

En ce qui concerne les nouveaux venus dans l’industrie, Richard a un grand conseil, soulignant l’importance de se connecter avec la communauté artistique: « Approchez-vous de l’artiste. Intéressez-vous à la musique, à la danse et à toutes les formes d’art. Ne vous éloignez pas des artistes, car sans eux, nous ne pourrons jamais être des artisans. Ce n’est pas seulement une question de technologie. De cette façon, vous aurez une carrière où vous pourrez prêter vos compétences techniques à leur savoir-faire artistique. »

Richard Lachance pourrait parler pendant des heures de l’équipement qu’il a construit de toutes pièces, des clients emblématiques pour lesquels il a travaillé — de la reine Elizabeth II au pape Jean-Paul II — et des expériences inoubliables qu’il a vécues. Sa carrière est remplie d’histoires qui traversent le globe et des décennies d’évolution technologique dans l’industrie.

Malgré son intention initiale de prendre sa retraite en 2019 pour faire place à de nouveaux talents dans l’industrie, la passion de Richard était trop forte pour s’éloigner complètement. Sa décision de revenir chez Solotech en tant que consultant en 2020 a été motivée par cet enthousiasme inlassable. « Je pense que je peux encore aider. Je ne suis pas irremplaçable, mais j’aime parler aux gens que je respecte et avec qui j’ai créé de la magie, » partage-t-il, reflétant son engagement continu envers le monde audiovisuel.